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l’habit. Cette troupe de religieuses, destituée de tout secours, et ne sachant où se retirer, s’achemina en silence vers Pontoise, en traversa tout le faubourg et une partie de la ville, les mains jointes et leur voile sur le visage, jusqu’à ce qu’enfin quelques habitants du lieu, touchés de compassion, leur offrirent de leur donner retraite chez eux. Mais elles n’y furent pas longtemps ; car, au bout de deux ou trois jours, le Parlement, à la requête de l’abbé de Cîteaux, ayant donné un arrêt pour renfermer de nouveau Mme d’Estrées, le prévôt de l’Isle fut envoyé avec main forte pour se saisir de l’abbesse, du confesseur et de la religieuse ancienne qui était de leur cabale. L’abbesse s’enfuit de bonne heure par une porte du jardin ; la religieuse fut trouvée dans une grande armoire pleine de hardes, où elle s’était cachée, et le confesseur, ayant sauté par-dessus les murs, s’alla réfugier chez les jésuites de Pontoise. La Mère Angélique demeura donc paisible dans Maubuisson, et y continua sa sainte mission pendant cinq années. Ce fut là qu’elle vit pour la première fois saint François de Sales [1618], et qu’il se lia entre eux une amitié qui a duré toute la vie du saint évêque, qui voulut même que la mère de Chantal fût associée à cette union ; et l’on voit dans les lettres de l’un et de l’autre la grande idée qu’ils avaient de cette merveilleuse fille. La Mère Angélique aussi, de son côté, procura à M. Arnauld,