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y en avait deux imbéciles. Elles agirent ensuite de concert avec M. l’archevêque et les filles de la Visitation, pour tourmenter celles qui demeuraient fidèles à leurs devoirs et à leur conscience. Cependant la cause de ces saintes religieuses, ou plutôt celle de l’Église, était défendue par des écrits lumineux. M. Arnauld, aidé de M. Nicole, entreprit de faire connaître leur innocence. L’Apologie de Port-Royal, les Imaginaires, et tant d’autres ouvrages solides et convaincants, manifestaient à toute la terre l’injustice de cette persécution. Mais, comme on ne pouvait montrer l’innocence des religieuses sans dévoiler la turpitude de leurs persécuteurs, ces mêmes écrits, qui justifiaient les religieuses opprimées, mettaient en fureur leurs ennemis, qui les persécutaient avec encore plus de chaleur.

Au reste M. de Péréfixe lui-même faisait leur apologie, en avouant qu’il n’avait rien trouvé que de régulier et d’édifiant dans la visite qu’il avait faite. Il publiait souvent, dans le temps même qu’il les traitait avec la plus grande rigueur, que « ces filles étaient pures comme des anges » : mais il ajoutait « qu’elles étaient orgueilleuses comme des démons », parce qu’il lui plaisait de traiter d’orgueil insupportable le refus d’obéir à un commandement qu’il n’aurait pas dû leur faire, qui, quand il aurait été juste, n’était d’aucune utilité, et auquel elles ne pouvaient se soumettre sans