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elles eurent de signer le premier mandement des grands-vicaires du cardinal de Retz, tant elles craignaient tout ce qui semblait leur faire prendre part à l’espèce de conspiration formée contre la vérité.

Quelques-unes cédèrent, on ne doit point en être surpris. Ce qui est étonnant, c’est qu’il y en ait eu si peu qui aient succombé à une si terrible tentation. Parmi quatre-vingts religieuses de chœur qui étaient dans les deux maisons quand la persécution commença, en 1661, il était difficile qu’il ne s’en trouvât quelqu’une, ou qui n’eût pas une vertu solide, ou qui ne l’eût pas à l’épreuve d’une telle tempête. Dans la privation totale de tout conseil, quelques-unes des captives se résignèrent à signer, parce qu’on s’étudia à embrouiller cette affaire par des subtilités qu’elles ne pouvaient démêler, et qui leur cachaient le véritable état des choses. L’archevêque même, pour les porter à la signature, leur déclarait verbalement qu’il ne demandait pas d’elles la créance du fait. Mais quelque pardonnable que fût leur faute, elles en conçurent une vive douleur dès qu’elles connurent l’état des choses, et que le trouble où elles s’étaient trouvées se fut dissipé. Il y en eut deux dans la maison de Paris, les sœurs Flavie et Dorothée, dont la chute fut bien plus funeste, parce que l’ambition en fut le principe. Elles signèrent le formulaire, et contribuèrent à séduire huit ou dix de leurs sœurs, qui étaient des esprits faibles, et dont il