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que, comme elles n’avaient point eu de part aux procès-verbaux, ce prélat, à qui tout le reste était indifférent, ne se pressait pas de leur faire de la peine. À la fin pourtant il leur fit signifier une sentence par laquelle il les déclarait désobéissantes, et comme telles les privait des sacrements, et de toute voix active et passive dans les élections. Sur cette sentence, elles se crurent obligées de lui présenter une requête pour le supplier de leur vouloir expliquer en quoi consistait la désobéissance qu’il leur reprochait, et qu’il punissait si sévèrement. Car si en exigeant la signature, il exigeait la créance intérieure du fait, elles le priaient de se souvenir qu’il leur avait fait entendre lui-même qu’elles feraient un fort grand crime de signer ce fait sans le croire ; et il était à souhaiter pour elles que toute l’Église sût que la seule raison pour laquelle on leur interdisait les sacrements, c’était pour avoir obéi à leur archevêque, en ne voulant pas faire un mensonge. Si au contraire, comme il l’avait déclaré depuis peu à plusieurs personnes, et comme il l’avait même dit expressément dans sa lettre à l’évêque d’Angers, il ne demandait par la signature que le silence et le respect sur le fait, elles étaient toutes prêtes de signer en ce sens, pourvu qu’il eût la bonté de leur marquer qu’il n’avait point d’autre intention que celle-là.

Cette requête fut fort embarrassante pour l’archevêque, qui en effet ne tenait pas toujours un langage