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enlevées. [Dans le moment de l’enlèvement, M. d’Andilly, qui était dans l’église, s’approcha de la Mère Agnès, qui pouvait à peine marcher, et lui fit ses adieux. Il vit aussi ses trois filles, les sœurs Angélique-de-Saint-Jean, Marie-Thérèse, et Marie-de-Sainte-Claire, qui sortirent l’une après l’autre. Elles se jetèrent à ses pieds, et lui demandèrent sa bénédiction, qu’il leur donna avec la tendresse d’un bon père et la constance d’un chrétien plein de foi ; il les aida à monter en carrosse. L’archevêque voulut lui en faire un crime auprès du roi, l’accusant d’avoir voulu exciter une sédition ; mais la reine mère assura que M. d’Andilly n’en était pas capable. En dispersant ainsi ces religieuses, il espérait les affaiblir, en les tenant dans une dure captivité, privées de tout conseil et de toute communication.]

Pendant qu’on tourmentait ainsi les religieuses de Port-Royal de Paris pour la signature, on fut trois mois entiers sans rien dire à celles des Champs, quoiqu’elles eussent déclaré par divers actes qu’elles étaient dans les mêmes sentiments que leurs sœurs, et qu’elles eussent même appelé comme d’abus de tout le traitement qu’on avait fait à leurs Mères. Quelques personnes crurent que l’archevêque les ménageait à cause du cardinal de Retz, dont la nièce était supérieure de ce monastère[1] ; mais il y a plus d’apparence

  1. La Mère Du Fargis, cousine et non pas nièce de Retz.