Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment de l’agitation que cette affaire lui avait causée. Elles ne furent pas longtemps sans recevoir de nouvelles marques du ressentiment de M. l’archevêque ; et dès l’après-dînée du jour dont nous parlons, il fit ôter le voile aux novices qui restaient dans la maison, et les fit mettre à la porte. Il destitua toutes les officières qui avaient été nommées par l’abbesse, et mit de son autorité dans les charges toutes celles qui avaient commencé à se laisser gagner par M. Chamillard, et fit encore enlever cinq ou six religieuses qu’il croyait les plus capables de fortifier les autres.

De toutes les afflictions qu’eurent alors les religieuses, il n’y en eut point qui leur causât un plus grand déchirement de cœur que celle de se voir abandonnées par cinq ou six de leurs sœurs, qui commencèrent, comme je viens de dire, à se séparer du reste de la communauté, et à rompre cette heureuse union que Dieu y entretenait depuis tant d’années. Elles furent surtout étonnées au dernier point de la défection de la sœur Flavie. Cette fille, qui autrefois avait été religieuse dans un autre couvent, avait désiré avec une extrême ardeur d’entrer à Port-Royal, et y avait été reçue avec une fort grande charité. Comme elle était d’un esprit fort insinuant, et qu’elle témoignait un fort grand zèle pour la régularité, elle avait trouvé moyen de se rendre très considérable dans la maison. Il n’y en avait point qui parût plus