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Alors Messieurs les prélats, reconnaissant qu’ils ne pouvaient remporter par la raison, eurent recours à la force. Ils firent casser et déclarer nul, par un arrêt du Conseil, le mandement des grands-vicaires, avec défense à tout le monde de le signer. En même temps le mandement fut envoyé à Rome, et le roi écrivit au pape pour le faire révoquer. Les grands-vicaires, de leur côté, écrivirent au pape une grande lettre, où ils lui rendaient compte de leur mandement, qui, en faisant rendre, disaient-ils, aux constitutions tout le respect qui leur était dû, aurait mis le calme dans l’Eglise, s’il n’avait été traversé par des gens ennemis de la paix, et par des évêques trop amoureux de leur formule de foi, qu’ils s’étaient avisés de proposer à tout le royaume, et dans laquelle ils avaient ajouté aux constitutions des choses qui n’y étaient pas. Cette lettre était accompagnée d’un acte signé par tous les curés de Paris, qui déclaraient que le mandement, bien loin d’avoir excité du scandale, avait été d’une fort grande édification pour tout le diocèse, et était regardé de tous les gens de bien comme l’unique moyen de pacifier l’Eglise. On peut dire que la politique de l’Église de Rome ne parut jamais mieux qu’en cette occasion. Elle était bien éloignée d’approuver que des évêques s’ingérassent de faire des professions de foi pour les faire signer à tous leurs confrères ; mais elle était aussi trop éclairée sur ses