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sainteté par plusieurs miracles ; et on en pourrait rapporter un grand nombre, sans le soin particulier que les religieuses de Port-Royal ont toujours eu, non seulement de cacher le plus qu’elles peuvent leur vie austère et pénitente aux yeux des hommes, mais de leur dérober même la connaissance des merveilles que Dieu a opérées de temps en temps dans leur monastère.

Revenons maintenant à la visite. Elle dura près de deux mois, et pendant tout ce temps, M. de Contes et M. Bail visitèrent exactement les deux maisons, et interrogèrent toutes les religieuses les unes après les autres, même les converses. M. Bail surtout y apportait une application extraordinaire, fort étonné de trouver les choses si différentes de ce qu’il s’était imaginé. Il tendait même des pièges à la plupart de ces filles dans les questions qu’il leur faisait, comme s’il eût été bien aise de les trouver dans quelque opinion qui eût quelque apparence d’hérésie. Il y en eut à qui il demanda, puisqu’elles croyaient que Jésus-Christ était mort pour tous les hommes, si elles ne croyaient pas aussi qu’il fût mort pour le diable. Enfin, ne pouvant résister à la vérité, il leur rendit justice, et signa, avec M. de Contes, la carte de visite dont j’ai cru devoir rapporter cet article tout entier :

« Ayant trouvé, par la visite, cette maison en un état régulier bien ordonné, une exacte observance des