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de ses faveurs, si véritables et si inconnues aux hommes. Pour vous, je vous supplie d’être le plus solitaire que vous pourrez, et de parler fort peu, surtout de nous. Ne racontez point ce qui se passe, si l’on ne vous en parle ; écoutez, et répondez le moins que vous pourrez. Souvenez-vous de cette excellente remarque de M. de Saint-Cyran, que l’Évangile et la Passion de Jésus-Christ est écrite dans une très grande simplicité et sans aucune exagération. L’orgueil, la vanité, l’amour-propre se mêlent partout ; et puisque Dieu nous a unis par sa sainte charité, il faut que nous le servions dans l’humilité. Le plus grand fruit de la persécution, c’est l’humiliation ; et l’humilité se conserve dans le silence. Gardons-le donc aux pieds de Notre-Seigneur, et attendons de sa bonté notre force et notre soutien. »

C’est dans ce même esprit qu’elle répondit un jour à quelques sœurs qui lui demandaient ce qu’elle pensait qu’elles deviendraient toutes, et si on ne leur rendrait point leurs novices et leurs pensionnaires :

« Mes filles, ne vous tourmentez point de tout cela : je ne suis pas en peine si on vous rendra vos novices et vos pensionnaires ; mais je suis en peine si l’esprit de la retraite, de la simplicité et de la pauvreté se conservera parmi vous. Pourvu que ces choses subsistent, moquez-vous de tout le reste. »

Il n’y avait presque point de jour qu’on ne lui vînt