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la nature tombait dans l’accablement ; et l’on s’aperçut bientôt que sa santé dépérissait à vue d’œil. Ajoutez à tous ces déchirements de cœur le mouvement continuel qu’il fallait qu’elle se donnât dans ce temps de trouble et d’agitation, étant obligée à toute heure, tantôt d’aller au parloir, tantôt d’écrire des lettres, soit pour demander conseil, soit pour en donner. Il n’y avait point de jour qu’elle ne reçût des lettres des religieuses des Champs, chez qui il se passait les mêmes choses qu’à Paris, et qui n’avaient recours qu’à elle dans tout ce qui leur arrivait. Elle était de toutes les processions qu’on faisait alors pour implorer la miséricorde de Dieu.

La dernière où elle assista, ce fut à celle que l’on fit pour les sept novices, afin qu’il plût à Dieu d’exaucer les prières qu’elles lui faisaient pour demeurer dans la maison. On lui donna à porter une relique de la vraie croix, et elle y alla nu-pieds, comme toutes les autres religieuses ; elle se traîna, comme elle put, le long des cloîtres dont on faisait le tour ; mais en rentrant dans le chœur, elle tomba en faiblesse, et il fallut la reporter dans sa chambre et dans son lit, d’où elle ne se releva plus. Il lui prit une fort grande oppression, accompagnée de fièvre ; et cette oppression, qui était continuelle, avait des accès si violents qu’on croyait à tout moment qu’elle allait mourir : en telle sorte que, dans l’espace de deux