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et que c’étaient des causes majeures qui devaient être renvoyées à Rome, comme on y avait renvoyé les cinq propositions. Ils furent fort mortifiés lorsqu’au bout de deux mois ils virent leur livre condamné par un décret de l’Inquisition. Ils trouvaient néanmoins encore des raisons de se flatter, disant que l’Inquisition n’avait supprimé l’Apologie que pour des considérations de police. Enfin le pape Alexandre VII, auprès duquel ils avaient toujours été en si grande faveur, frappa d’anathème quarante-cinq propositions de leurs casuistes. Quelques années après, il condamna encore le livre d’un Père Moya, jésuite espagnol, qui, sous le nom d’Amadœus Guimenius, enseignait la même doctrine que l’Apologie, et censura de même le fameux Caramuel, grand défenseur de toutes les méchantes maximes des casuistes. Pour achever de purger l’Église de cette pernicieuse doctrine, le pape Innocent XI, en l’année 1679, a fait un décret où il condamnait à la fois soixante-cinq propositions aussi tirées des casuistes, avec excommunication encourue ipso facto par ceux qui, directement ou indirectement, auraient la hardiesse de les soutenir.

Qui n’eût cru qu’une compagnie qui fait un vœu particulier d’obéissance et de soumission aveugle au Saint-Siège garderait du moins le silence sur une doctrine si solennellement condamnée, et ferait désormais enseigner dans ses écrits une morale plus con-