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les religieuses de Port-Royal et contre leurs directeurs les mêmes impostures dont il pouvait se dire l’inventeur.

Mais sa compagnie n’eut pas longtemps sujet de s’applaudir de la publication de ce livre. Jamais ouvrage n’a excité un si grand soulèvement dans l’Église. Les curés de Paris dressèrent d’abord deux requêtes, pour les présenter, l’une au Parlement, l’autre aux grands-vicaires. Le Père Annat, pour parer ce coup, obtint qu’ils fussent mandés au Louvre, pour rendre raison de leur conduite, mais cela ne fît que hâter la condamnation de cet exécrable livre. En effet, le cardinal Mazarin ayant demandé aux curés, en présence du roi et des principaux ministres de son conseil, pourquoi ils voulaient s’adresser au Parlement au sujet d’un livre de théologie, ils répondirent avec une fermeté respectueuse qu’il ne s’agissait point dans ce livre de simples questions de théologie, mais que la doctrine qu’il contenait ne tendait pas moins qu’à autoriser les plus grands crimes, tels que le vol, l’usure, l’adultère, le duel et l’homicide ; et que la sûreté des sujets du roi, et celle de Sa Majesté même, étant intéressée à sa condamnation, ils s’étaient crus en droit de porter leurs plaintes aux mêmes tribunaux qui avaient autrefois condamné les Santarel, les Mariana, et les autres dangereux auteurs de cette même société. On n’eut pas la moindre réponse à leur