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qui étaient dans le parti contraire à celui du roi. On sait les rudes pénitences qu’ils ont imposées et au prince de Conti et à la duchesse de Longueville, pour avoir eu part aux troubles dont nous parlons, et les sommes immenses qu’il en a coûté au prince pour réparer, autant qu’il était possible, les désordres dont il avait pu être cause pendant ces malheureux temps. Les jésuites ont peut-être eu plus d’une occasion de procurer à l’Église de pareils exemples ; mais, ou ils n’étaient pas persuadés des mêmes maximes qu’on suivait là-dessus à Port-Royal, ou ils n’ont pas eu la même vigueur pour les faire pratiquer.

Quelle apparence donc que le cardinal de Retz ait pu faire entrer dans une faction contre le roi des gens remplis de ces maximes, et prévenus de ce grand principe de saint Paul et de saint Augustin, qu’il n’est pas permis de faire même un petit mal afin qu’il en arrive un grand bien ? On veut pourtant bien avouer que lorsqu’il fut archevêque, après la mort de son oncle, les religieuses de Port-Royal le reconnurent pour leur légitime pasteur, et firent des prières pour sa délivrance. Elles s’adressèrent aussi à lui pour les affaires spirituelles de leur monastère, du moment qu’elles surent qu’il était en liberté. On ne nie pas même qu’ayant su l’extrême nécessité où il était après qu’il eut disparu de Rome, elles et leurs amis ne lui aient prêté quelque argent pour subsister,