Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
TRAGEDIE.

Bien-toſt ces cœurs de fer ſe verront adoucis,
Le vainqueur de Creon peut bien vaincre mes Fils.
à Eteocle.
Qu’un ſi grand, changement vous deſarme & vous touche,
Quittez mon Fils, quittez cette haine farouche,
Soulagez une Mere, & conſolez Creon,
Rendez-moy Polinice, & luy rendez Hemon.

ETEOCLE.

Mais enfin, c’eſt vouloir que je m’impoſe un Maiſtre,
Vous ne l’ignorez pas, Polinice veut l’eſtre ;
Il demande ſur tout le pouvoir Souverain,
Et ne veut revenir que le Sceptre à la main.



SCENE V.

IOCASTE, ETEOCLE, ANTIGONE,
CREON, ATTALE,


ATTALE.


POlinice, Seigneur, demande une entreveuë ;
C’eſt ce que d’un Heraut nous apprend la venuë ;
On ne dit pas pourquoy ; mais il s’engage auſſi,
De vous attendre au Camp, ou de venir icy.

CREON.

Sans doute qu’il eſt las d’une guerre ſi lente,
Et ſon ambition n’eſt plus ſi violente,
Par ce dernier combat il apprend aujourd’huy,
Que vous eſtes au moins auſſi puiſſant que luy.
Les Grecs meſmes ſont las de ſervir ſa colere,