Pardonnez à l’éclat d’une illustre fortune
Ce reste de fierté qui craint d’être importune.
Vous ne l’ignorez pas : Andromaque sans vous
N’auroit jamais d’un maître embrassé les genoux[1].
Non, vous me haïssez ; et dans le fond de l’âme
Vous craignez de devoir quelque chose à ma flamme.
Ce fils même, ce fils, l’objet de tant de soins,
Si je l’avois sauvé, vous l’en aimeriez moins.
La haine, le mépris, contre moi tout s’assemble ;
Vous me haïssez plus que tous les Grecs ensemble.
Jouissez à loisir d’un si noble courroux.
Allons, Phœnix.
Allons rejoindre mon époux.
Madame…
Auteur de tous mes maux, crois-tu qu’il les ignore ?
Seigneur, voyez l’état où vous me réduisez.
J’ai vu mon père mort, et nos murs embrasés ;
J’ai vu trancher les jours de ma famille entière,
Et mon époux sanglant traîné sur la poussière,
Son fils seul avec moi, réservé pour les fers.
Mais que ne peut un fils ? Je respire, je sers[2].
J’ai fait plus : je me suis quelquefois consolée
- ↑
· · · · · · · Ad genua accido
Supplex, Ulysse, quamque nullius pedes
Novere dextram, pedibus admoveo tuis.
(Troyennes de Sénèque, vers 692-694.) - ↑
· · · · Σφαγὰς μὲν Ἕκτορος τροχηλάτους
Κατεῖδον οἰκτρῶς τ' Ἴλιον πυρούμενον,
Αὐτὴ δὲ δούλη ναῦς ἐπ' Ἀργείων ἔϐην.
· · · · · Φονεῦσιν Ἕκτορος νυμφεύομαι.
(Andromaque d’Euripide, vers 400-404.)