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ANDROMAQUE

ACTE III.


Scène première.

ORESTE, PYLADE.
PYLADE.

Modérez donc, Seigneur, cette fureur extrême.
710Je ne vous connois plus : vous n’êtes plus vous-même.
Souffrez…

ORESTE.

Souffrez…Non, tes conseils ne sont plus de saison,
Pylade, je suis las d’écouter la raison.
C’est traîner trop longtemps ma vie et mon supplice :
Il faut que je l’enlève, ou bien que je périsse.
715Le dessein en est pris, je le veux achever.
Oui, je le veux.

PYLADE.

Oui, je le veux.Hé bien, il la faut enlever :
J’y consens. Mais songez cependant où vous êtes.
Que croira-t-on de vous, à voir ce que vous faites ?
Dissimulez : calmez ce transport inquiet[1] ;
720Commandez à vos yeux de garder le secret.
Ces gardes, cette cour, l’air qui vous environne,
Tout dépend de Pyrrhus, et surtout Hermione[2].

  1. Var. Faites taire, Seigneur, ce transport inquiet. (1668-76)
  2. Var. Tout dépend de Pyrrhus, et surtout d’Hermione(a). (1668 et 73)


    (a). M. Aimé-Martin a reçu dans son texte cette ancienne leçon, qui se lit aussi dans les éditions de 1736, de 1768 et de 1807, et que Geoffroy déclare une faute grossière.