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ANDROMAQUE

Scène IV.

PYRRHUS, ORESTE, PHŒNIX.
PYRRHUS.

605Je vous cherchois, Seigneur. Un peu de violence
M’a fait de vos raisons combattre la puissance,
Je l’avoue ; et depuis que je vous ai quitté,
J’en ai senti la force et connu l’équité.
J’ai songé, comme vous, qu’à la Grèce, à mon père,
610À moi-même en un mot je devenois contraire ;
Que je relevois Troie, et rendois imparfait
Tout ce qu’a fait Achille et tout ce que j’ai fait.
Je ne condamne plus un courroux légitime,
Et l’on vous va, Seigneur, livrer votre victime.

ORESTE.

615Seigneur, par ce conseil prudent et rigoureux,
C’est acheter la paix du sang d’un malheureux.

PYRRHUS.

Oui. Mais je veux. Seigneur, l’assurer davantage :
D’une éternelle paix Hermione est le gage ;
Je l’épouse. Il sembloit qu’un spectacle si doux
620N’attendît en ces lieux qu’un témoin tel que vous.
Vous y représentez tous les Grecs et son père,
Puisqu’en vous Ménélas voit revivre son frère.
Voyez-la donc. Allez. Dites-lui que demain
J’attends, avec la paix, son cœur de votre main.

ORESTE[1].

Ah Dieux !

  1. ORESTE, à part. (1736 et M. Aimé-Martin.)