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ANDROMAQUE

Voilà votre chemin, sortons en sûreté[1].

ORESTE.

Non, non, c’est Hermione, amis, que je veux suivre[2].
À son dernier arrêt je ne puis plus survivre[3].
Partez : j’ai fait le crime, et je vais l’expier.

PYLADE.

1600Hermione, Seigneur ? Il la faut oublier.
Quoi ? toujours l’instrument et l’objet de sa rage,
Cherchez-vous chez les morts quelque nouvel outrage ?
Et parce qu’elle meurt, faut-il que vous mouriez ?

ORESTE.

Elle meurt ? Dieux ! qu’entends-je ?

PYLADE.

Elle meurt ? Dieux ! qu’entends-je ?Hé quoi ? vous l’ignoriez[4] ?
1605En rentrant dans ces lieux, nous l’avons rencontrée
Qui couroit vers le temple, inquiète, égarée.
Elle a trouvé Pyrrhus porté sur des soldats[5]
Que son sang excitoit à venger son trépas.
Sans doute à cet objet sa rage s’est émue.
1610Mais du haut de la porte enfin nous l’avons vue,

  1. Nous n’avons trouvé que dans les éditions de 1736, de 1760 (Amsterdam), de 1768 et de 1807 la leçon :

    Voilà notre chemin, marchons de ce côté,


    leçon que M. Aimé-Martin donne comme une variante. C’était probablement une correction des comédiens, que l’édition de 1736 a recueillie.

  2. Dans les éditions de 1722 et de 1736 il y a :

    Non, non, c’est Hermione, ami, que je veux suivre.

  3. Var. À son dernier courroux je ne puis plus survivre. (1668-76)
  4. Atalide et Acomat apprennent de la même manière la mort de Bajazet :

    osm. Nos bras impatients ont puni son forfait,
    Et vengé dans son sang la mort de Bajazet.
    atal. Bajazet ! acom. Que dis-tu ? osm. Bajazet est sans vie.
    L’ignoriez-vous ?

  5. Les éditions de 1736, de 1760 (Amsterdam), de 1768, de 1807, de 1808 et celle de M. Aimé-Martin ont ainsi changé ce vers :

    Elle a trouvé Pyrrhus porté par des soldats.