Ceux même des autels où ma fureur l’assiège :
Je deviens parricide, assassin, sacrilège.
Pour qui ? Pour une ingrate, à qui je le promets,
Qui même, s’il ne meurt, ne me verra jamais,
Dont j’épouse la rage. Et quand je l’ai servie,
Elle me redemande et son sang et sa vie !
Elle l’aime ! et je suis un monstre furieux !
Je la vois pour jamais s’éloigner de mes yeux !
Et l’ingrate, en fuyant, me laisse pour salaire
Tous les noms odieux que j’ai pris pour lui plaire !
Scène V.
Il faut partir, Seigneur. Sortons de ce palais.
Ou bien résolvons-nous de n’en sortir jamais.
Nos Grecs pour un moment en défendent la porte,
Tout le peuple assemblé nous poursuit à main forte.
Aux ordres d’Andromaque ici tout est soumis ;
Ils la traitent en reine, et nous comme ennemis.
Andromaque elle-même, à Pyrrhus si rebelle,
Lui rend tous les devoirs d’une veuve fidèle,
Commande qu’on le venge, et peut-être sur nous[1]
Veut venger Troie encore et son premier époux.
Allons. N’attendons pas que l’on nous environne :
Nos Grecs nous rejoindront, et tandis qu’Hermione
Tient encore le peuple autour d’elle arrêté,
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Var. Commande qu’on le venge ; et peut-être qu’encor
Elle poursuit sur nous la vengeance d’Hector. (1668-87)
Cette variante est devenue le texte des éditions de 1768, 1807, 1808 et de celle de M. Aimé-Martin.