Ma mère en sa faveur arma la Grèce entière ?
Ses yeux pour leur querelle, en dix ans de combats,
Virent périr vingt rois qu’ils ne connoissoient pas ?
Et moi, je ne prétends que la mort d’un parjure,
Et je charge un amant du soin de mon injure ;
Il peut me conquérir à ce prix sans danger ;
Je me livre moi-même, et ne puis me venger ?
Allons : c’est à moi seule à me rendre justice.
Que de cris de douleur le temple retentisse ;
De leur hymen fatal troublons l’événement,
Et qu’ils ne soient unis, s’il se peut, qu’un moment.
Je ne choisirai point dans ce désordre extrême :
Tout me sera Pyrrhus, fût-ce Oreste lui-même,
Je mourrai ; mais au moins ma mort me vengera.
Je ne mourrai pas seule, et quelqu’un me suivra.
Scène III.
Madame, c’en est fait, et vous êtes servie[2] :
Pyrrhus rend à l’autel son infidèle vie.
- ↑ Dans les éditions de 1665 et de 1673 les personnages sont : oreste, andromaque, hermione, cléone, céphise, Soldats d’Oreste.
- ↑
Var. Madame, c’en est fait. Partons en diligence.
Venez dans mes vaisseaux goûter votre vengeance.
Voyez cette captive : elle peut mieux que moi
Vous apprendre qu’Oreste a dégagé sa foi.
herm. Ô Dieux ! c’est Andromaque ? androm. Oui, c’est cette princesse
Deux fois veuve, et deux fois l’esclave de la Grèce,
Mais qui jusque dans Sparte ira vous braver tous,
Puisqu’elle voit son fils à couvert de vos coups.
Du crime de Pyrrhus complice manifeste,
J’attends son châtiment. Car je vois bien qu’Oreste,
Engagé par votre ordre à cet assassinat,