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ACTE IV, SCÈNE I.

1115Dis-lui par quels exploits leurs noms ont éclaté,
Plutôt ce qu’ils ont fait que ce qu’ils ont été ;
Parle-lui tous les jours des vertus de son père ;
Et quelquefois aussi parle-lui de sa mère.
Mais qu’il ne songe plus, Céphise, à nous venger :
1120Nous lui laissons un maître, il le doit ménager.
Qu’il ait de ses aïeux un souvenir modeste[1] :
Il est du sang d’Hector, mais il en est le reste ;
Et pour ce reste enfin j’ai moi-même en un jour
Sacrifié mon sang, ma haine et mon amour.

CÉPHISE.

Hélas !

ANDROMAQUE.

1125Hélas !Ne me suis point, si ton cœur en alarmes
Prévoit qu’il ne pourra commander à tes larmes.
On vient. Cache tes pleurs, Céphise ; et souviens-toi
Que le sort d’Andromaque est commis à ta foi.
C’est Hermione. Allons, fuyons sa violence.


Scène II.

HERMIONE, CLÉONE.
CLÉONE.

1130Non, je ne puis assez admirer ce silence.
Vous vous taisez, Madame ; et ce cruel mépris
N’a pas du moindre trouble agité vos esprits ?
Vous soutenez en paix une si rude attaque,
Vous qu’on voyoit frémir au seul nom d’Andromaque ?
1135Vous qui sans désespoir ne pouviez endurer

  1. Ce sont les conseils qu’Andromaque donne à son fils dans les Troyennes de Sénèque (vers 713 et suivants) :

    Pone ex animo reges atavos, · · ·
    Gere captivum · · · · · · · · · ·