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ACTE III, SCÈNE VII.

Faut-il qu’en sa faveur j’embrasse vos genoux ?
960Pour la dernière fois, sauvez-le, sauvez-vous.
Je sais de quels serments je romps pour vous les chaînes,
Combien je vais sur moi faire éclater de haines.
Je renvoie Hermione, et je mets sur son front,
Au lieu de ma couronne, un éternel affront.
965Je vous conduis au temple où son hymen s’apprête ;
Je vous ceins du bandeau préparé pour sa tête.
Mais ce n’est plus, Madame, une offre[1] à dédaigner :
Je vous le dis, il faut ou périr ou régner[2].
Mon cœur, désespéré d’un an d’ingratitude,
970Ne peut plus de son sort souffrir l’incertitude.
C’est craindre, menacer et gémir trop longtemps.
Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j’attends.
Songez-y : je vous laisse ; et je viendrai vous prendre
Pour vous mener au temple, où ce fils doit m’attendre ;
975Et là vous me verrez, soumis ou furieux,
Vous couronner, Madame, ou le perdre à vos yeux.


Scène VIII.

ANDROMAQUE, CÉPHISE.
CÉPHISE.

Je vous l’avois prédit, qu’en dépit de la Grèce[3],
De votre sort encor vous seriez la maîtresse.

  1. Au lieu de : « une offre, » les éditions de 1676, 1681, 1689 ont : « un offre. »
  2. C’est à vous d’y penser : tout le choix qu’on vous donne,
    C’est d’accepter pour lui la mort ou la couronne.
    Son sort est en vos mains : aimer ou dédaigner
    Le va faire périr ou le faire régner.

    (Pertharite, vers 759-762.)
  3. Les éditions de 1750, 1768, 1807, 1808 et celle de M. Aimé-Martin indiquent cette variante, que nous ne trouvons dans aucun texte :

    Hé bien ! je vous l’ai dit, qu’en dépit de la Grèce.