Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE I, SCENE I. 87

Que m'importe , après tout, que Néron plus fidèle D'une longue vertu laisse un jour le modèle? Ai-je mis dans sa main le timon de l'état Pour le conduire au gré du peuple et du sénat? Ah! que de la patrie il soit, s'il veut, le père ; Mais qu'il songe un peu plus qu'Agrippine est sa mère. De quel nom cependant pouvons-nous appeler L'attentat que le jour vient de nous révéler? Il sait, car leur amour ne peut être ignorée, Que de Britannicus Junie est adorée : Et ce même Néron , que la vertu conduit , Fait enlever Junie au milieu de la nuit! Que veut-il? Est-ce haine, est-ce amour qui l'inspire ? Cherche-t-il seulement le plaisir de leur nuire ? Ou plutôt n'est-ce point que sa malignité Punit sur eux l'appui que je leur ai prêté ?

ALBIXE.

Vous leur appui, madame?

AGRIFPINE.

Arrête, chère Albine. Je sais que j'ai moi seule avancé leur ruine; Que du trône , où le sang l'a dû faire monter , Britannicus par moi s'est vu précipiter. Par moi seule éloigné de l'hymen d'Octavie, Le frère de Junie abandonna la vie, Silanus, sur qui Claude avoit jeté les yeux, Et qui comptoit Auguste au rang de ses aïeux. Néron jouit de tout; et moi, pour récompense, Il faut qu'entre eux et lui je tienne la balance, Afin que quelque jour, par une même loi,

�� �