ACTE I, SCENE VII. 21
LA COMTESSE.
Monsieur, que je vous die...
CHICANEAU.
Voici le fait. Depuis quinze ou vingt ans en çà, Au travers d'un mien pré certain ânon passa, S'y vautra, non sans faire un notable dommage, Dont je formai ma plainte au juge du village. Je fais saisir Fanon. Un expert est nommé; A deux bottes de foin le dégât estimé. Enfin, au bout d'un an, sentence par laquelle Nous sommes renvovés hors de cour. J'en appelle. Pendant qu'à l'audience on poursuit un arrêt, Remarquez bien ceci, madame, s'il vous plait, Notre ami Drolichon, qui n'est pas une bête, Obtient pour quelque argent un arrêt sur requête. Et je gagne ma cause. A cela que fait-on ? Mon chicaneur s'oppose à l'exécution. Autre incident : tandis qu'au procès on travaille, Ma partie en mon pré laisse aller sa volaille. Ordonné qu'il sera fait rapport à la cour Du foin que peut manger une poule en un jour : Le tout joint au procès. Enfin, et toute chose Demeurant en état, on appointe la cause Le cinquième ou sixième avril cinquante-six. J'écris sur nouveaux frais. Je produis, je fournis De dits, de contredits, enquêtes, compulsoires , Rapports d'experts, transports, trois interlocutoires, Griefs et faits nouveaux, baux et procès-verbaux. J'obtiens lettres royaux, et je m'inscris en faux. Quatorze appointemens, trente exploits, six instances, tome 11. 3
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