a36 BERENICE.
L'ingrat, de mon départ consolé par avance, Daignera-t-il compter les jours de mon absence? Ces jours,si longs pour moi, lui sembleront trop courts.
TITUS.
Je n'aurai pas, madame, à compter tant de jours : J'espère que bientôt la triste renommée \ ous fera confesser que vous étiez aimée. Vous verrez que Titus n'a pu , sans expirer...
BÉRÉNICE.
Ah , seigneur ! s'il est vrai, pourquoi nous séparer ! Je ne vous parle point d'un heureux hyménée : Rome à ne vous plus voir m'a-t-elle condamnée? Pourquoi m'enviez-vous l'air que vous respirez ?
TITUS.
Hélas ! vous pouvez tout, madame. Demeurez :
Je n'y résiste point. Mais je sens ma foiblesse :
Il faudra vous combattre et vous craindre sans cesse »
Et sans cesse veiller à retenir mes pas,
Que vers vous à toute heure entraînent vos appas.
Que dis-je! En ce moment, mon cœur hors de lui-même
S'oublie, et se souvient seulement qu'il vous aime.
BÉRÉNICE.
Hé bien, seigneur, hé bien, qu'en peut-il arriver? Voyez-vous les Romains prêts à se soulever?
TITUS.
Et qui sait de quel œil ils prendront cette injure? S'ils parlent, si les cris succèdent au murmure, Faudra-t-il par le sang justifier mon choix ? S'ils se taisent, madame , et me vendent leurs lois, A quoi m'exposez-vous? par quelle complaisance
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