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ACTE IV, SCÈNE V. 2 35

Chercher ce qui pouvoit un jour nous désunir. Je voulois qu'à mes vœux rien ne fut invincible; Je n'examinois rien , j'espérois l'impossible. Que sais-je? j'espérois de mourir à vos yeux Avant que d'en venir à ces cruels adieux. Les obstacles sembloient renouveler ma flamme. Tout l'empire parloit : mais la gloire, madame, Ne s'étoit point encor fait entendre à mon cœur Du ton dont elle parle au cœur d'un empereur. Je sais tous les tourmens où ce dessein me livre : Je sens bien que sans vous je ne saurois plus vivre, Que mon coeur de moi-même est prêt à s'éloigner ; Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner.

BÉRÉNICE.

Hé bien! régnez, cruel; contentez votre gloire : Je ne dispute plus. J'attendoi^, pour vous croire, Que cette même bouche, après mille sermens D'un amour qui devoit unir tous nos momens, Cette bouche, à mes yeux s'avouant infidèle, M'ordonnât elle-même une absence éternelle. Moi-même j'ai voulu vous entendre en ce lieu. Je n'écoute plus rien ; et, pour jamais, adieu... Pour jamais ! Ah , seigneur ! songez-vous en vous-même Combien ce mot cruel est affreux quand on aime? Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous, Seigneur, que tant de mers me séparent de vous; Que le jour recommence et que le jour finisse Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice, Sans que , de tout le jour, je puisse voir Titu> ? Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus !

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