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ao 2 BÉRÉNICE.

Te ne prends point pour juge une cour idolâtre ,

Paulin : je rue propose un plus ample théâtre;

Et , sans prêter l'oreille à la voix des flatteurs ,

Je veux par votre bouche entendre tous les cœurs :

Vous me l'avez promis. Le respect et la crainte

Ferment autour de moi le passage à la plainte :

Pour mieux voir , cher Paulin , et pour entendre mieux ,

Te vous ai demandé des oreilles, des yeux;

T'ai mis même à ce prix mon amitié secrète :

T'ai voulu que des cœurs vous fussiez l'interprète;

Qu'au travers des flatteurs votre sincérité

Fît toujours jusqu'à moi passer la vérité.

Parlez donc. Que faut-il que Bérénice espère?

Borne lui sera-t-elle indulgente ou sévère?

Dois-je croire qu'assise au trône des Césars

Une si belle reine offensât ses regards ?

PAULIN.

N'en doutez point, seigneur : soit raison, soit caprice, Rome ne l'attend point pour son impératrice. On sait qu'elle est charmante, et de si belles mains Semblent vous demander l'empire des humains : Elle a même, dit-on, le cœur d'une Romaine; Elle a mille vertus : mais , seigneur, elle est reine. Rome, par une loi qui ne se peut changer, N'admet avec son sang aucun sang étranger, Et ne reconnoît point les fruits illégitimes Qui naissent d'un hymen contraire à ses maximes. D'ailleurs, vous le savez, en bannissant ses rois, Rome à ce nom, si noble et si saint autrefois, Attacha pour jamais une haine puissante;

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