Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/200

Cette page n’a pas encore été corrigée

iga BÉRÉNICE.

Ce même Antiochus, se cachant à ma vue,

]\Ie laisse à la merci d'une foule inconnue !

ANTIOCHUS.

Il est donc vrai, madame? et, selon ce discours, L'hymen va succéder à vos longues amours?

BÉRÉNICE.

Seigneur , je vous veux bien confier mes alarmes. Cesjours ont vu mes veux baignés de quelques larmes; Ce long deuil que Titus imposoit à sa cour Avoit, même en secret, suspendu son amour; Il n'avoit plus pour moi cette ardeur assidue Lorsqu'il passoit les jours attaché sur ma vue; Muet , chargé de soins, et les larmes aux yeux, Il ne me laissoit plus que de tristes adieux. Jugez de ma douleur, moi dont l'ardeur extrême, Je vous l'ai dit cent fois, n'aime en lui que lui-même ; Moi qui , loin des grandeurs dont il est revêtu , Aurois choisi son cœur et cherché sa vertu.

ANTIOCHUS.

Il a repris pour vous sa tendresse première?

BÉRÉNICE.

Vous fûtes spectateur de cette nuit dernière,

Lorsque, pour seconder ses soins religieux,

Le sénat a placé son père entre les dieux.

De ce juste devoir sa piété contente

A fait place, seigneur , aux soins de son amante;

Et même en ce moment, sans qu'il m'en ait parlé,.

Il est dans le sénat par son ordre assemblé.

Ijà, de la Palestine il étend la frontière;

Il v joint l'Arabie et la Svrie entière :

�� �