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i 7 ? PREMIÈRE PRÉFACE

m'a point faite : mais ce qui est échappé aux spectateurs pourra être remarqué par les lec- teurs. C'est que je fais entier Junie dans les vestales, où, selon Aulu-Gelle , on ne recevoit personne au-dessous de six ans, ni au-dessus de dix. Mais le peuple prend ici Junie sous sa protection : et j'ai cru qu'en considération de sa naissance, de sa vertu et de son malheur, ii pouvoit la dispenser de l'âge prescrit par les lois, comme il a dispensé de l'âge pour le con- sulat tant de grands hommes qui avoient mé- rité ce privilège.

Enfin, je suis très-persuadé qu'on peut me faire bien d'autres critiques, sur lesquelles je n'aurois d'autre parti à prendre que celui d'en profiter à l'avenir. Mais je plains fort le mal- heur d'un homme qui travaille pour le public. Ceux qui voient le mieux nos défauts sont ceux qui les dissimulent le plus volontiers : ils nous pardonnent les endroits qui leur ont dé- plu, en laveur de ceux qui leur ont donné du plaisir. Il n'y a rien au contraire déplus injuste qu'un ignorant : il croit toujours que l'admi- ration est le partage des gens qui ne savent rien; il condamne toute une pièce pour une scène qu'il n'approuve pas ; il s'attaque même aux endroits les plus eclalans, pour faire croire

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