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ACTE Y, SCÈNE VIII. i63

» Rome, dans ton palais , vient de voir immoler » Le seul de tes neveux qui te put ressembler. » On veut après sa mort que je lui sois parjure. » Mai? pour lui conserver une foi toujours pure, » Prince, je me dévoue à ces dieux immortels » Dont ta vertu t'a fait partager les autels. » Le peuple cependant , que ce spectacle étonne , Vole de toutes parts, se presse, l'environne, S'attendrit à ses pleurs, et , plaignant son ennui, D'une commune voix la prend sous son appui. Ils la mènent au temple, où depuis tant d'années Au culte des autels nos vierges destinées Gardent fidèlement le dépôt précieux Du feu toujours ardent qui brûle pour nos dieux. César les voit partir sans oser les distraire. Narcisse , plus hardi , s'empresse pour lui plaire : Il vole vers Junie , et , sans s'épouvanter , D'une profane main commence à l'arrêter. De mille coups mortels son audace est punie; Son infidèle sang rejaillit sur Junie. César, de tant d'objets en même temps frappé, Le laisse entre les mains qui l'ont enveloppé. Il rentre. Chacun fuit son silence farouche : Le seul nom de Junie échappe de sa bouche. Il marche sans dessein : ses yeux mal assurés N'osent lever au ciel leurs regards égarés : Et l'on craint, si la nuit jointe à la solitude Vient de son désespoir aigrir l'inquiétude. Si vous l'abandonnez plus long-temps sans secours, Que sa douleur bientôt n'attente sur ses jours.

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