ACTE V, SCENE VII. 161
Qu'après t'être couvert de leur sang et du mien Tu te verras forcé de répandre le tien; Et ton nom paroîtra dans la race future , Aux plus cruels tyrans une cruelle injure. Voilà ce que mon cœur se présage de toi. Adieu : tu peux sortir.
NÉRON.
Narcisse, suivez-moi.
SCÈNE VIL
AG-RIPPINE , BURRHUS.
AGRIPPINE.
Ah, ciel! de mes soupçons quelle étoit l'injustice! Je condamnois Burrhus pour écouter Narcisse ! Burrhus, avez-vous vu quels regards furieux Néron en me quittant m'a laisses pour adieux? C'en est fait, le cruel n'a plus rien qui l'arrête ; Le coup qu'on m'a prédit va tomber sur ma tète. Il vous accablera vous-même à votre tour.
BURRHUS.
Ah, madame! pour moi, j'ai vécu trop d'un jour. Plût au ciel que sa main, heureusement cruelle, Eût fait sur moi l'essai de sa fureur nouvelle ! Qu'il ne m'eût pas donné, par ce triste attentat , Un gage trop certain des malheurs de l'état ! Son crime seul n'est pas ce qui me désespère ; Sa jalousie a pu l'armer contre son frère : Mais, s'il vous faut, madame, expliquer ma douleur , Néron l'a vu mourir sans changer de couleur.
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