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ACTE Y, SCENE I. i53

JUNIE.

Seigneur, ne jugez pas de son cœur par le vôtre? Sur des pas différens vous marchez l'un et l'autre. Je ne connois Néron et la cour que d'un jour : Mais, si je l'ose dire , hélas ! dans cette cour Combien tout ce qu'on dit est loin de ce qu'on pense : Que la bouche et le cœur sont peu d'intelligence! Avec combien de joie on y trahit sa foi! Quel séjour étranger et pour vous et pour moi !

BRITANNICUS.

Mais que son amitié soit véritable ou feinte,

Si vous craignez Néron, lui-même est-il sans crainte?

Non , non, il n'ira point, par un lâche attentat ,

Soulever contre lui le peuple et le sénat.

Que dis-je! il reconnoît sa dernière injustice;

Ses remords ont paru, même aux yeux de Narcisse.

Ah! s'il vous avoit dit, ma princesse, à quel point...

JUNIE.

Mais Narcisse, seigneur, ne vous trahit-il point?

BRITANNICUS.

Et pourquoi voulez-vous que mon coeur s'en défie?

juxir. Hé! que sais-je? il y va, seigneur, de votre vie : Tout m'est suspect : je crains que tout ne soit séduit ; Je crains Néron; je crains le malheur qui me suit. D'un noir pressentiment malgré moi prévenue, Je vous laisse à regret éloigner de ma vue. Hélas ! si cette paix dont vous vous repaissez Couvroit contre vos jours quelques pièges dressés; Si Néron , irrité de notre intelligence ,

TOME II. i^

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