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i38 BRITANNICUS.

Les spectacles , les dons, invincibles appas ,

Vous attiroient ies cœurs du peuple et des soldats ,

Qui d'ailleurs, réveillant leur tendresse première,

Favorisoient en vous Germanicus mon père.

Cependant Claudius penchoit vers son déclin.

Ses yeux, long-temps fermés, s'ouvrirent à la fin :

Il connut son erreur. Occupé de sa crainte ,

Il laissa pour son fils échapper quelque plainte,

Et voulut , mais trop tard , assembler ses amis :

Ses gardes, son palais, son lit, m'étoient soumis.

Je lui laissai sans fruit consumer sa tendresse;

De ses derniers soupirs je me rendis maîtresse :

Mes soins , en apparence épargnant ses douleurs ,

De son fils , en mourant, lui cachèrent les pleurs.

Il mourut. Mille bruits en courent à ma honte.

J'arrêtai de sa mort la nouvelle trop prompte;

Et , tandis que Burrhus alloit secrètement

De l'armée en vos mains exiger le serment ,

Que vous marchiez au camp, conduit sous mes auspices.

Dans Rome les autels fumoient de sacrifices ;

Par mes ordres trompeurs tout le peuple excité

Du prince déjà mort demandoit la santé.

Enfin, des légions l'entière obéissance

Ayant de votre empire affermi la puissance ,

On vit Claude; et le peuple, étonné de son sort,

Apprit en même temps votre règne et sa mort.

C'est le sincère aveu que je voulois vous faire :

Voilà tous mes forfaits. En voici le salaire :

Du fruit de tant de soins à peine jouissant

En avez-vous six mois paru reconnoissant ,

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