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ia6 BRITANNICUS.

NARCISSE.

Qui?

BRITANNICUS.

J'en rougis. Mais enfin D'un cœur moins agité j'attendrois mon destin.

NARCISSE.

Après tous mes discours, vous la croyez fidèle?

BRITANNICUS»

Non , je la crois, Narcisse, ingrate, criminelle,

Digne de mon courroux : mais je sens, malgré moi.

Que je ne le crois pas autant que je le doi.

Dans ses égaremens mon cœur opiniâtre

Lui prête des raisons, l'excuse, l'idolâtre.

Je voudrois vaincre enfin mon incrédulité ;

Je la voudrois haïr avec tranquillité.

Et qui croira qu'un cœur si grand en apparence,

D'une infidèle cour ennemi dès l'enfance,

Renonce à tant de gloire, et dès le premier jour

Trame une perfidie inouïe à la cour?

NARCISSE.

Et qui sait si l'ingrate, en sa longue retraite, N'a point de l'empereur médité la défaite? Trop sûre que ses yeux ne pouvoient se cacher , Peut-être elle fuvoit pour se faire chercher, Pour exciter Néron par la gloire pénible De vaincre une fierté jusqu'alors invincible.

BRITANNICUS.

Je ne la puis donc voir?

NARCISSE.

Seigneur, en ce moment Elle reçoit les vœux de son nouvel amant.

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