clination ne me porteroit pas à le prendre pour
modèle si j’avois à faire une comédie ; et que
j’aimerois beaucoup mieux imiter la régularité
de Ménandre et de Térence que la liberté de
Plaute et d’Aristophane. On me répondit que ce
n’étoit pas une comédie qu’on me demandoit,
et qu’on vouloit seulement voir si les bons mots
d’Aristophane auroient quelque grâce dans notre
langue. Ainsi, moitié en m’encourageant, moitié en mettant eux-mêmes la main à l’œuvre,
mes amis me firent commencer une pièce qui
ne tarda guère à être achevée.
Cependant la plupart du monde ne se soucie point de l’intention ni de la diligence des auteurs. On examina d’abord mon amusement comme on auroit fait une tragédie. Ceux même qui s’y étoient le plus divertis eurent peur de n’avoir pas ri dans les règles, et trouvèrent mauvais que je n’eusse pas songé plus sérieusement à les faire rire. Quelques autres s’imaginèrent qu’il étoit bienséant à eux de s’y ennuyer, et que les matières de palais ne pouvoient pas être un sujet de divertissement pour les gens