ACTE II, SCENE II. io5
Mes yeux, depuis long-temps fatigués de ses soins, Rarement de ses pleurs daignent être témoins. Trop heureux si bientôt la faveur d'un divorce Me soulageoit d'un joug qu'on m'imposa par force ! Le ciel même en secret semble la condamner : Ses vœux depuis quatre ans ont beau l'importuner, Les dieux ne montrent point que sa vertu les touche : D'aucun gage, Narcisse, ils n'honorent sa couche j L'empire vainement demande un héritier.
NARCISSE.
Que tardez-vous, seigneur, à la répudier? L'empire, votre cœur , tout condamne Octavie. Auguste votre aïeul soupiroit pour Livie : Par un double divorce ils s'unirent tous deux; Et vous devez l'empire à ce divorce heureux. Tibère, que l'hymen plaça dans sa famille, Osa bien à ses yeux répudier sa fille. Vous seul, jusques ici contraire à vos désirs, N'osez par un divorce assurer vos plaisirs.
NERON.
Hé , ne connois-tu pas l'implacable Agrippine?
Mon amour inquiet déjà se l'imagine
Qui m'amène Octavie, et d'un œil enflammé
Attes*e les saints droits d'un nœud qu'elle a formé,
Et, portant à mon cœur des atteintes plus rudes,
Me fait un long récit de mes ingratitudes.
De quel front soutenir ce fâcheux entretien?
NARCISSE.
N'êtes-vous pas, seigneur, votre maître et le sien? Vous verrons-nous toujours trembler sous sa tutelle? Vivez, régnez pour nous : c'est trop régner pour elle. TOME ir. lu
�� �