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LE PROLOGUE DE L’AUCTEUR


Aprés que j’ay long temps différé d’escripre les grandes et admirables merveilles que j’ay veues et congneues en plusieurs et diverses contrées et regions, tant par mer que par terre, je me suis deliberé de composer ung petit traicté, faisant mention d’icelles contenant aulcune vérité, laquelle je suis deliberé d’ensuyvir, mais non pas de si prés que je luy marche sur les talons, de sorte que luy fisse rompre les courroyes et les brides de ses pantouffles, au moyen dequoy je soye contrainct de les luy reffaire avec mes aguillettes, car je n’en ay pas trop. Toutesfoys mon intention est de la suyvre ung petit à gauche, sans la perdre de veue, si d’advanture je ne tumboye en ung fossé en la suyvant, et que je me rompisse une jambe, au moyen dequoy je fusse contrainct de la suyvre à quatre pattes, ou avecq des potences ou guynettes, comme ce vray prophete Ragot : car mon inten-