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notes sur le lexique

Rabelais, c’est la grande source, le grand courant de notre langue : cum flueret lutulentus

La comparaison des mots de notre glossaire de Rabelais et de celui de la Pléiade est bien instructive à cet égard.

La Pléiade emploie souvent au figuré les mots techniques, dont Rabelais, lui, ne se sert qu’au propre.

Rabelais a fait gaiement et spontanément pour la langue ce que la Pléiade a tenté à grand bruit et à grand’peine.

Les innovations de la Pléiade indiquées dans la Défense et Illustration sont toutes dans Rabelais. Mais il les a uniquement employées à constituer la prose ; sa poésie au contraire est plate, moyenâgeuse, nullement moderne. L’originalité de Du Bellay est d’appliquer les principes de Rabelais à constituer, à instaurer le langage poétique.

Remarquons du reste que, contrairement à l’opinion commune, Du Bellay parle de Rabelais comme d’un maître et d’un modèle.

Le langage de la Pléiade est le commencement de la langue moderne ; celui de Rabelais est la transition de l’ancien français au nouveau.


Les anciens glossaires de nos vieux auteurs français ont pour objet principal et presque unique l’explication des mots difficiles.

Mieux préparés, en général, à la lecture de nos anciens textes, les lecteurs de notre temps sont moins exigeants