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notice biographique sur rabelais

courant de l’ouvrage, Tiraqueau nous fait très ingénieusement connaître ce qu’il doit à la perspicacité et à l’érudition de « son cher Rabelais, frère franciscain très savant dans l’une et l’autre langue » (c’est-à-dire en grec et en latin ; le français ne comptait pas encore aux yeux de ces savants hommes.) Rapportant ensuite un passage du premier livre d’Hérodote, Tiraqueau remarque qu’il est omis dans la traduction latine de Laurent Valla : « Mais, ajoute-t-il, François Rabelais, frère mineur, homme très habile dans les deux langues et en toute espèce de doctrine au-dessus de ce que comporte son âge et la coutume, pour ne pas dire le trop grand scrupule de son ordre, a traduit fort élégamment ce livre dans son intégrité[1]. »

Ainsi que Tiraqueau en témoigne, l’ordre des Franciscains favorisait peu l’étude, et surtout celle du grec. Rabelais, se flattant que son amour du savoir lui serait plus facilement pardonné chez les Bénédictins, sollicita et obtint du pape Clément VII (dont l’avènement se place en 1523), l’autorisation de passer dans le couvent de cet ordre, à Maillezais. L’abbaye avait été érigée en évêché en 1317, et avait rang d’église-cathédrale. Maillezais est à quatre ou cinq lieues seulement de Fontenay-le-Comte. Rabelais, en s’y transportant, restait au centre de ses relations et de ses amitiés. Ce fut probablement Geoffroy d’Estissac, évêque de Maillezais, qui négo-

  1. Voir, à propos de ce texte, ci-dessus, p. iv.