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58 COMMEKTAIRE.

confère : « Voyez, entendez, contemplez à voftre libre arbitre, tout ce que ma maifon contient : vous peu à peu emancipans du feruage d’ignorance. « 

L. 8 : Liure plein de Puntugruelifme. Rabelais ne nous a pas fait connaître du premier coup tout ce qu’il entend par ce mot : Pantagruelisme. Ses défini- tions, comiques et grossières au début, s’étendent et s’épurent à mesure que son œuvre avance. Dans Pd.ntj.- gruelj dont la publication a précédé (comme nous l’avons vu, p. 15) celle de G-irgantua^ être bon panta- gruélljle. c’est « viure en paix, ioye, fanté, faifaiis tou- flours grand chère. » (t. i, p. 384) — Dans Gjrgantujj l’auteur explique : « en paiitagruclifant » par : « beu- uans à gré & lifans les gertcs horrificques de Panta- gruel. » (t. I, p. 1 1) — Dans le Prologue du Tiers liure la bienveillance et la bonne foi sont considérées comme indispensables aux adeptes ; le Puntagruélisme y est défini comme une « propriété indiuiduale… moienant laquelle iamais en mauluaife partie ne prendront chofes quelconques, ilz congnoiftront fourdre de bon, franc, & loyal couraigc. » (t. 11, p. 12) — Enfin, après ces diverses interprétations, Rabelais nous donne, dans le Prologue du (^uarc liure, celle qu’on doit regarder comme définitive : « c’eft certaine gayeté d’efprit con- fiée en mefpris des chofes fortuites. » (t. il, p. 254) Seul il pouvait caractériser ainsi en quelques mots cette sagesse joyeuse, fruit d’une grande fermeté d’âme et d’une inaltérable sérénité de conscience. Sterne, qui, dans son Triscram Shandy^ s’inspire con- tinuellement de Rabelais, décrit en ces termes le Shandéisme, qui n’est qu’un souvenir du Pantagruélisme : a Le vrai Shandéisme… dilate le cœur et les poumons… Si on me laissait, comme à Sancho Pança, le choix de mon royaume…. ce serait un royaume de sujets riant de tout cœur… j’ajouterais à ma prière, que Dieu voulût faire à mes sujets la grâce d’être aussi sages qu’ils seraient gais. » (édit. Charpentier, 1842, liv. iv, ch. cxvill, t. I, p. 296)