Des fruictz, & biens croissant de terre.
Chapitre IIII.
e troue par les calcules de Albumaser[1] on liure de la grande
coniunction, & ailleurs, que ceste
année sera bien fertile auecques
planté de tous biens à ceulx qui
auront de quoy. Mais le hobelon
de Picardie craindra quelque peu
la froidure, l’auoine sera grand bien es chenaux : il
ne sera gueres plus de l’art que de pourceaux à
cause de Pisces[2] ascendant. Il sera grande année de
caquerolles. Mercure menasse quelque peu le persil,
mais ce nonobstant il sera à pris raisonnable. Le
soucil, & l’ancholie croistront plus que de coustume,
auecques abondance de poires d’angoisse[3]. De bledz,
de vins, de fruitages, & legumages, on n’en veit oncques
tant si les soubhaytz des pouures gens sont ouiz.
- ↑ Starrenwadel cite Albumazar dans des circonstances analogues : « In rariori… vsu erit piscis apud pauperes propter respectum Aquarii contrarium pecunis, vt notat Albumasar in quarto tripartiti. » (viii, Regis, t. iii, p. 928)
- ↑ Nom latin de la constellation des Poissons.
- ↑ « Allusion aux soucis, à la melancholie et aux angoisses de la vie. » (Le Duchat.) Les jeux de mots de ce genre sont un des lieux communs des prophéties comiques de ce temps :
Soufflez, pensiez regneront à oultrance,
Mais la mente le bruit hara en tout faict.
Force noises, dont maint sera deffaict,
Croistront par gens de mauluais entretien.(La grand & vraye Prenostication. — Anc. poés. t. vi, p. 41)De mente, pensees, soucy,
Aura entre autres violettes,
Et largement verres aussy
De grans & petites noysettes.(La grant & vraye Prenostication. — Anc. poés. t. viii, p. 340)On voit que pensiéz, pensées, est de même que soussiez, soucy, employé dans un double sens, et que les noysettes font allusion aux noises ; quant à la mente, c’est un jeu de mots entre menthe et menterie, mensonge.