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appendice.

ou temps des haultz bonnetz : maintenant est deperie en nature, comme toutes choses sublunaires ont leur fin & periode, & ne sçauons quelle en soit la dissinition : comme vous sçauez que subiect pery, facilement perit la denomination.

Si par ces termes entendez les calumniateurs de mes escripts, plus aptement les pourrez vous nommer Diables. Car en Grec calumnie est dicte diabole. Voyez combien detestable est deuant Dieu & les Anges, ce vice dist Calumnie (c’est quand on impugne le bien faict, quand on mesdict des choses bonnes) que par iceluy non par autre, quoy que plusieurs sembleroient plus enormes, sont les Diables d’enfer nommez & appellez. Ceulx cy ne sont (proprement parlant) diables d’enfer. Ilz en sont appariteurs & minieres. Ie les nomme diables noirs, blancs, diables priuez, Diables domesticques. Et ce que ont faict enuers mes liures ilz feront (si on les laisse faire) enuers tous autres. Mais ce n’est de leur inuention. Ie le dy, à fin que tant desormais ne se glorifient au surnom du vieux Caton le Censorin. Auez vous iamais entendu que signifie, cracher au bassin ? Iadis les predecesseurs de ces diables priuez architectes de volupté, euerseurs d’honnesteté, comme vn Philozenus[1], vn Gnatho, & autres de pareille farine, quand par les cabaretz & tauernes, esquelz lieux tenoient ordinairement leurs escolles, voyans les hostes estre de quelques bonnes viandes & morceaux friands seruiz, ilz crachoient villainement dedans les platz, à fin que les hostes abhorrens leurs infames crachatz, & morueaux, desistassent manger des viandes apposées : & tout demourast à ces villains cracheurs & morueux. Pres que pareille, non toutesfois tant abominable histoire nous conte lon du medicin d’eau

  1. Voyez ci-dessus, p. 315, note sur la l. dernière de la p. 6.