Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/431

Cette page n’a pas encore été corrigée
423
chapitre xliiii.

Pria Quelot aprester des naveaulx
A leur soupper, pour faire chère lie.
Cela feut faict. Puys sans melancholie
Se vont coucher, belutent, prenent some.
Mais ne povant Ienin dormir en somme
Tant fort vesnoit Quelot, & tant souvent,
La compissa. Puys voylà, dist il, comme
Petite pluie abat bien un grand vent.

Nous d’adventaige (disoit le Potestat) avons une annuelle calamité bien grande & dommaigeable. C’est qu’un geant nommé Bringuenarilles, qui habite en l’isle de Tohu, annuellement par le conseil de ses medicins icy se transporte à la prime Vère, pour prendre purgation : & nous devore grand nombre de moulins à vent, comme pillules, & de souffletz pareillement, des quelz il est fort friant. Ce que nous vient à grande misère : & en ieusnons troys ou quatre quaremes par chascun an : sans certaines particulières rouaisons & oraisons.

Et n’y sçavez vous, demandoit Pantagruel, obvier ?

Par le conseil, respondit le Potestat, de nos maistres Mezarims, nous avons mis en la saison qu’il a de coustume icy venir, dedans les moulins force cocqs & force poulles. A la première foys qu’il les avalla, peu s’en fallut, qu’il n’en mourust. Car ilz luy chantoient dedans le corps, & luy voloient à travers l’estomach, dont tomboit en lipothymie, cardiacque passion, & convulsion horrificque & dangereuse : comme si quelque serpens luy feust par la bouche entré dedans l’estomach.

Voylà, dist frère Ian, un comme mal à propous, & incongru. Car i’ay aultresfoys ouy dire, que le serpens entré dedans l’estomach ne faict desplaisir aulcun, & soubdain retourne dehors, si par les pieds on pend le patient, luy præsentant près la bouche un