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des ioyeulx pifres & tabours, des trompettes & clairons. Par la coniecture de soixante & dixhuict enseignes qu’il y comptoit, estimions leur nombre n’estre moindre de quarante & deux mille. L’ordre qu’elles tenoient, leur fier marcher, & faces asceurées nous faisoient croire, que ce n’estoient Friquenelles : mais vieilles Andouilles de guerre. Par les premières fillières iusques près les enseignes estoient toutes armées à hault appareil, avecques picques petites, comme nous sembloit de loing, toutesfoys bien poinctues & asserées, sus les aesles estoient flancquegées d’un grand nombre de Boudins sylvaticques, de Guodiveaux massifz, & Saulcissons à cheval, tous de belle taille, gens insulaires, Bandouilliers, & Farouches.

Pantagruel feut en grand esmoy, & non sans cause : quoy que Epistemon luy remonstrast que l’usance & coustume du pays Andouillois povoit estre ainsi charesser & en armes recepvoir leurs amis estrangiers : comme font les nobles roys de France par les bonnes villes du royaulme repceuz & saluez à leurs premières entrées après leur sacre, & nouvel advenement à la couronne.

Par adventure, disoit il, est ce la guarde ordinaire de la Royne du lieu, laquelle advertie par les ieunes Andouilles du guet que veistes sus l’arbre, comment en ce port surgeoit le beau & pompeux convoy de vos vaisseaulx, a pensé que là doibvoit estre quelque riche & puissant Prince : & vient vous visiter en persone. De ce non satisfaict Pantagruel assembla son conseil, pour sommairement leurs advis entendre sus ce que faire debvoient en cestuy estrif d’espoir incertain, & craincte evidente.

Adoncques briefvement leurs remonstra comment telles manières de recueil en armes avoit souvent