Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/325

Cette page n’a pas encore été corrigée
317
chapitre xiii.


sainct Ligaire. arrivans à la cassine de loing il apperceut Tappecoue, qui retournoit de queste, & leurs dist en vers Macaronicques.

Hic est de patria, natus de gente belistra,
Qui solet antiquo bribas portare bisacco.

Par la mort diène (dirent adoncques les Diables) il n’a voulu prester à Dieu le père une paouvre chappe : faisons luy paour. C’est bien dict (respond Villon) Mais cachons nous iusques à ce qu’il passe & chargez vos fuzées & tizons. Tappecoue arrivé au lieu, tous sortirent on chemin au davant de luy en grand effroy iectans feu de tous coustez sus luy & sa poultre : sonnans de leurs cymbales, & hurlans en Diable. Hho, hho, hho, hho : brrrourrrourrrs, rrrourrrs, rrrourrrs. Hou, hou, hou, Hho, Hho, hho : frère Estienne faisons nous pas bien les Diables ?

La poultre toute effrayée se mist au trot, à petz, à bonds, & au gualot : à ruades, fressurades, doubles pedales, & petarrades : tant qu’elle rua bas Tappecoue, quoy qu’il se tint à l’aube du bast de toutes ses forces. Ses estrivières estoient de chordes : du cousté hors le montouoir son soulier senestre estoit si fort entortillé qu’il ne le peut oncques tirer. Ainsi estoit trainné à escorchecul par la poultre tousiours multipliante en ruades contre luy, & fourvoyante de paour par les hayes, buissons, & fossez. De mode qu’elle luy cobbit toute la teste, si que la cervelle en tomba près la croix Osanière, puys les bras en pièces, l’un ça, l’aultre là, les iambes de mesmes, puys des boyaulx feist un long carnaige, en sorte que la poultre au convent arrivante, de luy