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prologve.

& iectez es pieds de Couillatris troys coingnees : la sienne, vne aultre d’or, & vne tierce d’argent massiues toutes d’vn qualibre. Luy ayant baillé l’option de choisir, s’il prend la sienne & s’en contente, donnez luy les deux autres. S’il en prend aultre que la sienne, couppez luy la teste auecques la sienne propre. et desormais ainsi faictes à ces perdeurs de coingnee. Ces parolles acheuees Iupiter contournant la teste comme vn cinge qui aualle pillules, feist vne morgue tant espouuantable, que tout le grand Olympe trembla.

Mercure auecques son chappeau poinctu, sa capeline, talonnieres & caducee se iecte par la trappe des Cieulx, fend le vuyde de l’air, descend legierement en terre : & iecte es pieds de Couillatris les trois coingnees : Puys luy dict. Tu as assez crié pour boire. Tes prieres sont exaulcees de Iuppiter. Reguarde laquelle de ces troys est ta coingnee, & l’emporte. Couillatris soublieue la coingnee d’or : il la reguarde : & la trouue bien poisante : puis dict à Mercure. Marmes ceste cy n’est mie la mienne, Ie n’en veulx grain. Autant faict de la coingnée d’argent : & dict : Non est ceste cy. Ie la vous quitte. Puys prend en main la coingnee de boys : il reguarde au bout du manche : en icelluy recongnoist sa marque : & tressaillant tout de ioye, comme vn Renard qui rencontre poulles esguarees, & soubriant du bout du nez dict. Merdigues ceste cy estoit mienne. Si me la voulez laisser, ie vous sacrifiray vn bon & grand pot de laict tout fin couuert de belles frayres aux Ides (c’est le quinzieme iour) de May. Bon homme, dist Mercure, ie te la laisse, prens la. Et pour ce que tu as opté & soubhayté mediocrité en matiere de coingnee, par le vueil de Iuppiter ie te donne ces deux aultres. Tu