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prologve.

en ceste paction, que medicin reputé ne feust, si malade auoit esté depuys le temps qu’il commença practiquer en l’art, iusques à sa derniere vieillesse. A laquelle entier il paruint & viguoureux en tous ses membres, & de Fortune triumphant. Finablement sans maladie aulcune præcedente feist de vie à mort eschange, tombant par male guarde du hault de certains degrez mal emmortaisez & pourriz.

Si par quelques desastre s’est santé de vos seigneuries emancipee : quelque part, dessus dessoubz, dauant darriere, à dextre à senestre, dedans dehors, loing ou pres vos territoires qu’elle soit, la puissiez vous incontinent auecques l’ayde du benoist Seruateur rencontrer. En bonne heure de vous rencontree, sus l’instant soit par vous asserée, soit par vous vendiquee, soit par vous saisie & mancipee. Les loigs vous le permettent, le Roy l’entend : ie vous le conseille. Ne plus ne moins que les Legislateurs antiques authorisoient le seigneur vendiquer son serf fugitif, la part qu’il seroit trouué. Ly bon Dieu, & ly bons homs, n’est il escript & practiqué par les anciennes coustumes de ce tant noble, tant antique, tant beau, tant florissant, tant riche royaulme de France[1], que le mort saisit le vif ? Voiez ce qu’en a recentement exposé le bon, le docte, le saige, le tant humain, tant debonnaire, & equitable And. Tiraqueau, conseillier du grand, victorieux, & triumphant roy Henry second de ce nom, en sa tresredoubtee court de parlement à Paris. Santé est nostre vie, comme tresbien declare Ariphron Sicyonien. Sans santé n’est vie la vie, n’est la vie viuable, ΑΒΙΟΣ ΒΙΟΣ, ΒΙΟΣ ΑΒΙΩΤΟΣ. Sans santé n’est la vie que langueur : la vie n’est que simulachre de mort. Ainsi doncques vous estans de

  1. Il y a un premier tirage de ce prologue, dans lequel après riche on lit : & triumphant, et où les épithètes grand, victorieux & triumphant (l. 25) n’accompagnent pas le nom de Henri ii. Elles ont probablement été ajoutées lorsqu’il fut entré victorieux dans Metz le 18 avril.