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prologve.

suys, moiennant vn peu de Pantagruelisme (vous entendez que c’est certaine gayeté d’esprit conficte en mespris des choses fortuites[1]) sain & degourt : prest à boire, si voulez. Me demandez vous pourquoy, Gens de bien ? Response irrefragable. Tel est le vouloir du tresbon tresgrand Dieu : on quel ie acquiesce : au quel ie obtempere : duquel ie reuere la sacrosaincte parolle de bonnes nouuelles, c’est l’Euangile, on quel est dict Luc. 4. en horrible sarcasme & sanglante derision au medicin negligent de sa propre santé. Medicin, O, gueriz toymesmes.

Cl. Gal. non pour telle reuerence en santé soy maintenoit, quoy que quelque sentiment il eust des sacres bibles : & eust congneu & frequenté les saincts Christians de son temps, comme appert lib. II. de vsu partium, lib. 2. de differentiis pulsuum cap. 3. & ibidem lib. 3. cap. 2. & lib. de rerum affectibus (s’il est de Galen) mais par craincte de tomber en ceste vulgaire & Satyrique mocquerie. Ἰητρὸς ἄλλων αὐτός ἕλϰεσι βρύων.[2]

Medicin est des aultres en effect :
Toutesfois est d’vlceres tout infect.

De mode qu’en grande braueté il se vente, & ne veult estre medicin estimé, si depuys l’an de son aage vingt & huictieme iusques en sa haulte vieillesse il n’a vescu en santé entiere, exceptez quelques fiebures Ephemeres de peu de duree : combien que de son naturel il ne feust des plus sains, & eust l’estomach euidentement dyscrasié. Car (dict il libr. 5. de sanit. tuenda) difficilement sera creu le medicin auoir soing de la santé d’aultruy, qui de la sienne propre est negligent. Encores plus brauement se vantoit Asclepiades[3] medicin auoir auecques Fortune conuenu

  1. Budé a écrit un traité : De Contemptu rerum fortuitarum.
  2. Plutarque, dans son Discours contre l’épicurien Colotès, attribue ce vers à un tragique grec qu’il ne nomme point.
  3. Voyez Pline, VII, 37.