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chapitre xxxvii.

le laissoit faire. En fin quand tout le pain feut baufré, le Roustisseur happe le Faquin au collet, & vouloit qu’il luy payast la fumée de son roust. Le Faquin disoit en rien n’auoir les viandes endommaigé : rien n’auoir du sien prins : en rien ne luy estre debiteur. La fumée dont estoit question, euaporoit par dehors : ainsi comme ainsi se perdoit elle : iamais n’auoit esté ouy que dedans Paris on eust vendu fumée de roust en rue. Le Roustisseur replicquoit que de fumée de son roust n’estoit tenu nourrir les Faquins : & renïoit en cas qu’il ne le payast, qu’il luy housteroit ses crochetz. Le Faquin tire son tribart, & se mettoit en defense. L’altercation feut grande. Le badault peuple de Paris accourut au debat de toutes pars. Là se trouua à propous Seigny Ioan le fol Citadin de Paris. L’ayant apperceu le Roustisseur, demanda au Faquin. Veulx tu sus nostre different croire ce noble Seigny Ioan ? Ouy par le sambreguoy, respondit le Faquin. Adoncques Seigny Ioan auoir leur discord entendu, commenda au Faquin, qu’il luy tirast de son baudrier quelque piece d’argent. Le Faquin luy mist en main vn Tournoys Philippus. Seigny Ioan le print, & le mist sus son espaule guaulche, comme explorant s’il estoit de poys : puys le timpoit sus la paulme de sa main guausche, comme pour entendre s’il estoit de bon alloy : puys le posa lus la prunelle de son œil droict, comme pour veoir s’il estoit bien marqué. Tout ce feut faict en grande silence de tout le badault peuple, en ferme attente du Roustisseur, & desespoir du Faquin. En fin le feist sus l’ouuroir sonner par plusieurs foys. Puys en maiesté Præsidentale tenent sa marote on poing, comme si feust vn sceptre, & affeublant en teste son chapperon de martres cingesses à aureilles de papier,