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le tiers livre.

tes, tant pudicques, & continuellement occupées : l’vne à contemplation des astres, l’autre à supputation des nombres, l’autre à dimension des corps Geometricques, l’aultre à inuention Rhetoricque, l’aultre à composition Poëticque, l’aultre à disposition de Musique : que approchant d’elles, il desbandoit son arc, fermoit sa trousse, & extaignoit son flambeau par honte & craincte de leurs nuire. Puys houstoit le bandeau de ses œilz pour plus apertement les veoir en face, & ouyr leurs plaisans chantz & odes Poëticques. Là prenoit le plus grand plaisir du monde. Tellement que souuent il se sentoit tout rauy en leurs beaultez & bonnes graces, & s’endormoit à l’harmonie. Tant s’en fault qu’il les voulsist assaillir, ou de leurs estudes distraire. En cestuy article ie comprens ce que escript Hippocrates on liure susdict, parlant des Scythes, & au liure intitulé, De geniture, disant tous humains estre à generation impotens, es quelz l’on a vne foys couppé les arteres parotides, les quelles sont à cousté des aureilles, par la raison cy dauant exposée, quand ie vous parlois de la resolution des espritz, & du sang spirituel, du quel les arteres sont receptacles : aussi qu’il maintient grande portion de la geniture sourdre du cerueau, & de l’espine du dours.

Quintement, par l’acte Venerien. Ie vous attendois là (dist Panurge) & le prens pour moy. Vse des præcedens qui vouldra. C’est (dist frere Ian) ce que Fray Scyllino prieur de sainct Victor lez Marseille appelle maceration de la chair. Et suys en ceste opinion : aussi estoit l’Hermite de saincte Radegonde au dessus de Chinon : que plus aptement ne porroient les hermites de Thebaïde macerer leurs corps, dompter certe paillarde Sensualité,